Dernière mise à jour 17/01/01
Epave de l'Amoco
Cadiz Le 16 mars 1978, à la suite d’une avarie de barre et de
négociations trop longues avec un remorqueur allemand, après deux
tentatives infructueuses de remorquage, le pétrolier libérien Amoco
Cadiz s’échoue sur les roches de Portsall, dans le Nord Finistère,
chargé de 227 000 tonnes de brut. L’ensemble de la cargaison
s’échappe au fur et à mesure que le navire se disloque sur les
brisants, polluant 360 km de littoral entre Brest et Saint Brieuc.
Epave de l'Amoco Cadiz
|
C’est la plus
grande marée noire par échouement de pétrolier jamais enregistrée dans
le monde. Elle conduit le gouvernement à refondre son plan de lutte (le
plan POLMAR), acquérir des stocks de matériel (les stocks POLMAR) et
imposer des rails de circulation en Manche.
L’Etat et les communes
sinistrées engagent aux Etats-Unis un long et difficile procès contre la
société Amoco. Au terme de 14 années de procédure, ils finissent par
obtenir 1 257 millions de francs d’indemnités, une petite moitié des
sommes demandées.
C'est suite à la catastrophe de l'Amoco que les autorités françaises ont
décidé la création du Cedre. Ce terrible accident, tant par
l'accumulation des circonstances que par l'envergure de la pollution et
le choc engendré fait l'objet d'un dossier dans les pages suivantes.
Retour
L’accident
Au matin du 16
mars 1978, en avarie de barre au large du Finistère, le pétrolier
libérien Amoco Cadiz, transportant vers Rotterdam 220 000 tonnes de
pétrole brut du Golfe Persique, dérive vers la côte bretonne dans une
forte tempête. Les négociations avec un remorqueur allemand venu à son
secours sont difficiles. Une première remorque est passée à 13h30. Elle
casse 3 heures plus tard. Malgré les efforts des deux équipages, le
navire s’échoue à 22 heures sur des brisants, devant le petit port de
Portsall. Plusieurs citernes se déchirent. Très vite les premières
nappes touchent la côte. La plus grande marée noire jamais due à un
échouement de pétrolier a commencé.
Epave de l'Amoco Cadiz
|
Echouement de l'Amoco Cadiz.
|
Dérive de la nappe de pétrole principale selon l'orientation des
vents.
|
En l’espace de deux semaines,
la totalité de la cargaison se déverse en mer. Entraînée par les vents
et les courants, elle vient souiller plus de 300 km d’un littoral parmi
les plus beaux et les plus naturels d’Europe. La rage au cœur, les
riverains se lancent dans une lutte désespérée contre une catastrophe
cent fois prédite. Sur leurs écrans de télévision, les français
découvrent avec stupéfaction les images apocalyptiques d’une grande
marée noire.
Retour
Des marées
noires qui se succèdent !
Cette marée
noire record n’est pas un accident isolé. Il y a eu un premier
avertissement de grande ampleur avec l’échouement du Torrey Canyon
devant Lands End (Cornouaille anglaise), le 18 mars 1967. Des nappes
dérivant en Manche sont venues souiller le littoral breton, entre
Morlaix et Plouescat au cours du mois d’avril, puis dans les baies de
Douarnenez et d’Audierne à la mi-mai.
Les marées noires de Bretagne.
|
Cela ne
s’arrêtera pas après la catastrophe de l’Amoco Cadiz. Le 28 avril 1979,
le vraquier Gino coulera au large d’Ouessant, à la suite d’un abordage,
avec une cargaison de pétrole lourd de BOSCAN, un produit épais, plus
dense que l’eau. Le 7 mars 1980, le pétrolier malgache Tanio se brisera
en deux dans une tempête au large de l’île de Batz et sa partie arrière
coulera avec 6 000 tonnes de fuel lourd à bord. Enfin le 31 janvier
1988, une citerne du pétrolier italien Amazzone perdra dans une tempête
un peu plus de 2000 tonnes de brut au large de Penmarc’h. Ces marées
noires alimenteront chez les bretons une volonté farouche de changer le
cours des choses et de faire payer les pollueurs.
|
La lutte des premiers jours |
|
Face aux
centaines de milliers de tonnes de " mousse au chocolat " (émulsion
de pétrole et d’eau) qui déferlent sur le littoral, les 14 km de
barrage antipollution disponibles dans les stocks POLMAR (stocks
d’urgence contre les pollutions maritimes) des services de
l’Equipement sont très vite débordés |
|
Retour |
|
Face aux
centaines de milliers de tonnes de " mousse au chocolat " (émulsion
de pétrole et d’eau) qui déferlent sur le littoral, les 14 km de
barrage antipollution disponibles dans les stocks POLMAR (stocks
d’urgence contre les pollutions maritimes) des services de
l’Equipement sont très vite débordés. Pelles, seaux, pompes
flottantes, tonnes à lisier, camions bennes, wagons citernes, tout
ce qui peut ramasser et emporter est bon pour récupérer et évacuer
le polluant vers des fosses de stockage provisoire.
Pompage du pétrole.
|
Les tonnes à lisier des éleveurs sont utilisées pour stocker le
pétrole pompé sur les grèves
|
En quelques
jours, 7 000 bénévoles et autant de militaires rassemblés à la hâte
se mettent au travail pour nettoyer les rochers, les plages et les
abers les plus touchés. En quelques semaines, ils récupèrent une
quinzaine de milliers de tonnes de pétrole et trois fois plus
d’algues, de sable et objets souillés.
Des cliniques pour oiseaux mazoutés sont mises en œuvre dans le
Finistère et les Côtes du Nord mais à peine un oiseau traité sur
vingt peut être sauvé.
Quelques cadavres de phoques gris sont ramassés sur les plages des
Côtes du Nord. Surtout, tout au long de 300 km de côtes, les
peuplements animaux et végétaux de l’estran meurent en masse,
englués sous le pétrole et enlevés avec lui par les jets d’eau à
haute pression et les pelles des nettoyeurs. |
|
L'action organisée |
|
Après la
lutte désespérée des premiers jours, l’action s’organise peu à peu.
|
|
Retour |
|
Après la
lutte désespérée des premiers jours, l’action s’organise peu à peu.
En mer l’utilisation de produits précipitants et dispersants et des
retournements de vent limitent l’extension des nappes au-delà de
l’île de Bréhat.
Ramassage manuel, source IFP.
|
Le nettoyage
des plages s’effectue en deux temps : d’abord, le pompage du pétrole
encore liquide, ensuite le déblaiement des déchets souillés par
hydrocarbures. Au total, plus de cent mille tonnes de " mousse au
chocolat " et de déchets souillés sont ramassés. Une grande partie
des déchets solides est neutralisé à la chaux vive.
Stockage des déchets, source IFP.
|
Les 1300
pêcheurs des quartiers maritimes de Brest, Morlaix et Paimpol sont
les premiers touchés dans leurs activités par la marée noire : la
pêche en mer est fermée du jour de l’accident jusqu’à la fin du mois
d’avril. L’ostréiculture a également beaucoup souffert : les huîtres
des abers et de la baie de Morlaix, engluées ou devenues impropres à
la consommation, doivent être détruites. Les pêcheurs à pied ne
peuvent que venir contempler les dégâts les jours de grande marée.
Les professionnels du tourisme craignent de voir leur saison d’été
entièrement perdue. L’administration des affaires maritimes met en
place des aides financières aux pêcheurs et aux conchyliculteurs
touchés.
Accumulation de pétrole, source NOAA.
|
Vague polluée
|
Accumulation de pétrole sur la plage
|
|
Retour
|
|
|
Colloque Amoco-Cadiz
|
|
Colloque international scientifique "vingt ans après
l'Amoco Cadiz".
Brest, France.
15, 16 et 17 Octobre 1998. |
|
|
|
|
|
|
|
|