Amoco Cadiz

 

Fiche de synthèse

Nom : Amoco Cadiz

Date : 16/03/1978

Lieu : France

Produit transporté : Brut

Quantité transportée : 227 000 tonnes

Nature du polluant : Brut

Zone de l'accident : Bretagne-Finistère Nord-Portsall

Quantité déversée : 227 000 tonnes

Pavillon : libérien

Date de construction : 1974

Type de navire : pétrolier

 

Dernière mise à jour 17/01/01

 

Epave de l'Amoco Cadiz Le 16 mars 1978, à la suite d’une avarie de barre et de négociations trop longues avec un remorqueur allemand, après deux tentatives infructueuses de remorquage, le pétrolier libérien Amoco Cadiz s’échoue sur les roches de Portsall, dans le Nord Finistère, chargé de 227 000 tonnes de brut. L’ensemble de la cargaison s’échappe au fur et à mesure que le navire se disloque sur les brisants, polluant 360 km de littoral entre Brest et Saint Brieuc.
 

 


Epave de l'Amoco Cadiz

C’est la plus grande marée noire par échouement de pétrolier jamais enregistrée dans le monde. Elle conduit le gouvernement à refondre son plan de lutte (le plan POLMAR), acquérir des stocks de matériel (les stocks POLMAR) et imposer des rails de circulation en Manche.

 


 


 

L’Etat et les communes sinistrées engagent aux Etats-Unis un long et difficile procès contre la société Amoco. Au terme de 14 années de procédure, ils finissent par obtenir 1 257 millions de francs d’indemnités, une petite moitié des sommes demandées.

C'est suite à la catastrophe de l'Amoco que les autorités françaises ont décidé la création du Cedre. Ce terrible accident, tant par l'accumulation des circonstances que par l'envergure de la pollution et le choc engendré fait l'objet d'un dossier dans les pages suivantes.

                                                                                            
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L’accident

 

Au matin du 16 mars 1978, en avarie de barre au large du Finistère, le pétrolier libérien Amoco Cadiz, transportant vers Rotterdam 220 000 tonnes de pétrole brut du Golfe Persique, dérive vers la côte bretonne dans une forte tempête. Les négociations avec un remorqueur allemand venu à son secours sont difficiles. Une première remorque est passée à 13h30. Elle casse 3 heures plus tard. Malgré les efforts des deux équipages, le navire s’échoue à 22 heures sur des brisants, devant le petit port de Portsall. Plusieurs citernes se déchirent. Très vite les premières nappes touchent la côte. La plus grande marée noire jamais due à un échouement de pétrolier a commencé.


Epave de l'Amoco Cadiz


Echouement de l'Amoco Cadiz.


 


Dérive de la nappe de pétrole principale selon l'orientation des vents.

En l’espace de deux semaines, la totalité de la cargaison se déverse en mer. Entraînée par les vents et les courants, elle vient souiller plus de 300 km d’un littoral parmi les plus beaux et les plus naturels d’Europe. La rage au cœur, les riverains se lancent dans une lutte désespérée contre une catastrophe cent fois prédite. Sur leurs écrans de télévision, les français découvrent avec stupéfaction les images apocalyptiques d’une grande marée noire.

                                                                                            
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Des marées noires qui se succèdent !

 

Cette marée noire record n’est pas un accident isolé. Il y a eu un premier avertissement de grande ampleur avec l’échouement du Torrey Canyon devant Lands End (Cornouaille anglaise), le 18 mars 1967. Des nappes dérivant en Manche sont venues souiller le littoral breton, entre Morlaix et Plouescat au cours du mois d’avril, puis dans les baies de Douarnenez et d’Audierne à la mi-mai.

 


Les marées noires de Bretagne.

Cela ne s’arrêtera pas après la catastrophe de l’Amoco Cadiz. Le 28 avril 1979, le vraquier Gino coulera au large d’Ouessant, à la suite d’un abordage, avec une cargaison de pétrole lourd de BOSCAN, un produit épais, plus dense que l’eau. Le 7 mars 1980, le pétrolier malgache Tanio se brisera en deux dans une tempête au large de l’île de Batz et sa partie arrière coulera avec 6 000 tonnes de fuel lourd à bord. Enfin le 31 janvier 1988, une citerne du pétrolier italien Amazzone perdra dans une tempête un peu plus de 2000 tonnes de brut au large de Penmarc’h. Ces marées noires alimenteront chez les bretons une volonté farouche de changer le cours des choses et de faire payer les pollueurs.

La lutte des premiers jours

 

Face aux centaines de milliers de tonnes de " mousse au chocolat " (émulsion de pétrole et d’eau) qui déferlent sur le littoral, les 14 km de barrage antipollution disponibles dans les stocks POLMAR (stocks d’urgence contre les pollutions maritimes) des services de l’Equipement sont très vite débordés

 

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Face aux centaines de milliers de tonnes de " mousse au chocolat " (émulsion de pétrole et d’eau) qui déferlent sur le littoral, les 14 km de barrage antipollution disponibles dans les stocks POLMAR (stocks d’urgence contre les pollutions maritimes) des services de l’Equipement sont très vite débordés. Pelles, seaux, pompes flottantes, tonnes à lisier, camions bennes, wagons citernes, tout ce qui peut ramasser et emporter est bon pour récupérer et évacuer le polluant vers des fosses de stockage provisoire.


 


Pompage du pétrole.


Les tonnes à lisier des éleveurs sont utilisées pour stocker le pétrole pompé sur les grèves

En quelques jours, 7 000 bénévoles et autant de militaires rassemblés à la hâte se mettent au travail pour nettoyer les rochers, les plages et les abers les plus touchés. En quelques semaines, ils récupèrent une quinzaine de milliers de tonnes de pétrole et trois fois plus d’algues, de sable et objets souillés.


D
es cliniques pour oiseaux mazoutés sont mises en œuvre dans le Finistère et les Côtes du Nord mais à peine un oiseau traité sur vingt peut être sauvé.

Quelques cadavres de phoques gris sont ramassés sur les plages des Côtes du Nord. Surtout, tout au long de 300 km de côtes, les peuplements animaux et végétaux de l’estran meurent en masse, englués sous le pétrole et enlevés avec lui par les jets d’eau à haute pression et les pelles des nettoyeurs.

L'action organisée

 

Après la lutte désespérée des premiers jours, l’action s’organise peu à peu.

 

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Après la lutte désespérée des premiers jours, l’action s’organise peu à peu. En mer l’utilisation de produits précipitants et dispersants et des retournements de vent limitent l’extension des nappes au-delà de l’île de Bréhat.
 


Ramassage manuel, source IFP.

Le nettoyage des plages s’effectue en deux temps : d’abord, le pompage du pétrole encore liquide, ensuite le déblaiement des déchets souillés par hydrocarbures. Au total, plus de cent mille tonnes de " mousse au chocolat " et de déchets souillés sont ramassés. Une grande partie des déchets solides est neutralisé à la chaux vive.
 


Stockage des déchets, source IFP.

Les 1300 pêcheurs des quartiers maritimes de Brest, Morlaix et Paimpol sont les premiers touchés dans leurs activités par la marée noire : la pêche en mer est fermée du jour de l’accident jusqu’à la fin du mois d’avril. L’ostréiculture a également beaucoup souffert : les huîtres des abers et de la baie de Morlaix, engluées ou devenues impropres à la consommation, doivent être détruites. Les pêcheurs à pied ne peuvent que venir contempler les dégâts les jours de grande marée. Les professionnels du tourisme craignent de voir leur saison d’été entièrement perdue. L’administration des affaires maritimes met en place des aides financières aux pêcheurs et aux conchyliculteurs touchés.

 


Accumulation de pétrole, source NOAA.


Vague polluée


Accumulation de pétrole sur la plage

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Amoco Cadiz : le dossier de la marée noire.
 
Enquête Ouest-France réalisée avec le marin.  
 
 
Colloque Amoco-Cadiz
 
Colloque international scientifique "vingt ans après l'Amoco Cadiz".
Brest, France.
15, 16 et 17 Octobre 1998.