Extrait du Bulletin de la Société Archéologique du Finistère,
chronique d'archéologie antique et médiévale, avec l'aimable
autorisation de M. Michel LE GOFFIC, Archéologue Départemental du
Finistère.
C'est en juillet 1984,
au cours des travaux de finition des abords du nouveau terrain de
football, établi sur des parcelles récemment acquises par la Commune,
qu'un engin de terrassement provoqua un effrondrement dans l'allée
située entre la main courante et le talus nord du terrain. De façon à
libérer le chantier, une fouille de sauvetage fut décidée. Elle eut
lieu en juin 1985, après la fin des épreuves sportives.
Le souterrain se
développait sur 8.40 m de longueur et se composait d'un puits vertical
donnant accès à une enfilade de deux salles séparées par des chatières
et d'une galerie en boyau débouchant sur un large et profond fossé
intégralement comblé. Le souterrain a été entièrement fouillé et deux
coupes transversales du fossé ont été réalisées.
Le matériel recueilli
provenait du remplissage du puits et du fond du fossé. Sa composition
est analogue à celle des souterrains armoricains : meules dormantes,
percuteurs-broyeurs, charbon de bois, clayonnage, céramique commune,
fusaïoles..., à l'exception toutefois d'un petit service assez fruste,
composé d'un gobelet cylindrique et de cinq petits godets, qui aurait
pu servir à des libations.
La découverte la plus
étonnante fut celle d'un collier de perles en or dans le conduit. Les
perles sont constituées par assemblage de deux coupelles soudées.
c'est la première fois
qu'un tel collier est découvert dans un souterrain laténien
armoricain. Il semble que cette pièce soit unique en son genre (aucun
équivalent n'est connu en France à ce jour). Le motif des perles, à la
fois simple et esthétique, rappelle certaines ornementations des ors
de l'âge du bronze. Le collier a été acquis par le Département du
Finistère et est exposé au Musée Départemental Breton de Quimper. (Une
copie est exposée en Mairie de Tréglonou).
Sur
le plan structural, la fouille de Tréglonou est également très
intéressante. En effet, il est peu fréquent qu'un souterrain soit
associé à une structure de fossé de défense limitant vraisemblablement
un oppidum. L'existence d'un tel fossé correspondant à un talus au
moins aussi important témoigne, à n'en pas douter, d'un retranchement
bien constitué et établi en fond de ria. Les renseignements glanés à
droite et à gauche, les visites sur le terrain à l'occasion des
travaux, les photos aériennes, le cadastre et la topographie du site
permettent de penser que le camp, fortifié par un double système de
talus et de fossés, occupait le sommet du plateau situé au-dessus du
bourg actuel, et que l'enceinte correspondait sensiblement à la courbe
de niveau 50 m pour les parties sud et ouest, à la courbe de niveau 45
m pour les parties nord et est, couvrant une surface de quelque 18
hectares. Il aurait la forme d'un rectangle à angles arrondis de 600 m
de long et 300 m de large.
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En janvier 1986, grâce à
l'enquête menée par M. Pierre LE BIHAN, Maire-Adjoint de Tréglonou, M.
LE GOFFIC a pu identifier dans l'oppidum présumé une stèle
hémisphérique en granite qui avait été réutilisée dans une maçonnerie
d'appentis de ferme.
La fouille de sauvetage qui a eu lieu sur le site de Kerellen a permis
des découvertes extrêmement intéressantes et importantes sur la
civilisation laténienne armoricaine, tant au point de vue du mobilier
qu'en ce qui concerne les structures. Non seulement elle ne résout
aucune question (comme par exemple la ou les destinations de ces
souterrains), mais en pose de nouvelles : d'où vient le collier ? Que
faisait-il dans le souterrain ? Pourquoi le souterrain, qui semble se
trouver à l'extérieur de "l'oppidum", débouche-t-il dans un fossé ?
Pourquoi les importants fossés ont-ils été comblés à l'âge du fer ?
Pourquoi et quand "l'oppidum" a-t-il été rayé de la carte ? Ces
questions appellent des réponses et sont autant de sujets de
recherches pour les archéologues d'aujourd'hui
ou de demain. |