L'ensemble des habitants
de TREGLONOU était composé d'une solide communauté paysanne groupée
autour des familles nobles de la région jusqu'à la Révolution de 1789
d'une part, et d'une population de pêcheurs semi-nomades d'autre part.
Deux courants absolument différents : les uns ancrés à leurs terres,
les autres passant leur existence sur l'eau.
Parmi les familles
ancestrales de noblesse paysanne, deux d'entre elles se sont
illustrées : les familles de Kerouartz et de Kerdrel, habitant de part
et d'autre de l'Aber-Benoît. Ces deux familles étaient représentées
par le Sire Macé de Kerouartz et le Sire Audren de Kerdrel, lesquels
ont participé à la 7e Croisade avec Saint-Louis en 1248.
Au 15e siècle, TREGLONOU
dépendait de la Vicomté de COAT-MEAL, laquelle faisait partie du Siège
Royal du Duc de Rohan. Vers la même période, l'Aber fut appelé
Aber-Benniget. C'est ainsi qu'il est mentionné dans tous les ouvrages
de cette époque jusqu'en 1850 environ. Dans les archives de l'Abbaye
de LANDEVENNEC, il est également désigné sous cette appellation. Il
devient ensuite "L'Aber-Benoît", on ne sait pour quelles raisons,
Saint Benoît n'étant pas particulièrement vénéré dans la région.
S'agirait-il d'une mauvaise traduction de "Benniget" ?
On peut se réjouir de
voir, en passant sur le pont de TREGLONOU, que l'Aber a retrouvé son
nom d'origne dans la forme bilingue adoptée un peu partout en
Basse-Bretagne, désormais, pour les localités, lieux, etc...
La vie des pêcheurs de
TREGLONOU, à une certaine époque, était très spéciale et mérite que
l'on s'y attarde. Leur fortune consistait dans leur léger bateau :
c'était leur domicile et celui de toute la famille, avec un mobilier
très restreint, une pierre située au milieu du bateau servait de foyer
pour faire cuire les repas et se réchauffer le cas échéant. Toute la
famille couchait dans le bateau.
On attendait l'heure de
la marée, on pêchait, et ensuite on vendait ici et là aux alentours le
produit de la pêche. Naviguant au gré des flots, priant la "Reine des
Anges", les "Saints et le Bon Dieu", ils s'en sortaient tant bien que
mal.
Le dimanche, le pêcheur
descendait à terre avec tout son monde. Revêtus de leurs plus beaux
habits, ils montaient au village pour entendre la messe à l'église,
puis, tandis que les femmes faisaient quelques courses, les hommes
assuraient leurs provisions de tabac en s'attardant au cabaret !
Le lendemain, après ce
jour consacré au Seigneur et au repos, la pénible existence
recommençait. La vie des pêcheurs s'écoulait ainsi, sans trouble, sans
plaisir excessif, mais dégagée de tout remord. Voilà la vie des
pêcheurs de TREGLONOU en ce 18e siècle et début du 19e.
Vers la fin du 19e, les
pêcheurs ont abandonné ce mode de vie et se sont stabilisés, habitant
désormais au village. On peut encore voir actuellement, du côté de
Pors-Egras et de la rue des Fontaines, leurs petites maisons
pratiquement inchangées, rappelant le cachet des ruelles des îles. |